Une vie sans alcool, sans drogues et sans viande, est-elle austère ?

Pierre Le Bec
6 min readFeb 7, 2021
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La question de mener une vie austère nous provient du pilgrims et du puritanisme anglo-saxon. Cette vision tient également des conditions de l’époque qui n’avaient rien à voir en comparaison de la vie que nous menons actuellement.

Ma génération a vécu le passage du Franc à l’Euro, de la défonce à l’abstinence, du régime carné au mouvement végé, etc. Notre époque s’apparente à celle d’un changement structurel au niveau des mentalités. Alors que nous sommes dans une ère de transformation en profondeur de l’ensemble du “mode de vie” tel qu’il est conçu. Les partisans du modèle conservateur s’exclament de voir arriver des personnes agissant de façon différente par rapport à eux. La norme sociétale que les conservateurs défendent corps et âme risque de vriller. Pendant que l’on nous promet des jours plutôt sombre à travers des plans d’austérité assez drastiques de la part d’une partie des “libéraux-conservateurs”, nous serions acteurs d’un certain conservatisme et passéisme.

La question du “libre-choix” et d’être maître de son corps, c’est-à-dire ce que l’on ingère devient un élément majeur dans la prise de décision, dont nous sommes nombreux à avoir fait ce choix. Remettre en cause ces éléments s’inscrit dans une vision autoritaire et liberticide de la société.

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La question d'une vie sans alcool, sans drogue et dans l'absolu dans le végétarisme voire le végétalisme est vue comme une forme de puritanisme, mais aussi d'une approche austère de la vie par une partie de la population. Le fait de pouvoir se passer de ce qu'il ressemble de près comme de loin comme des événements troublant le comportement ne serait qu'une porte de sortie vis-à-vis de ce qui est considéré comme une norme fondamentale.

Le fait de "boire" et de "se droguer" est largement pratiqué par une partie de la population hexagonale. L’alcool n’est qu’une drogue comme les autres et le fait de considérer qu’il échappe à cette catégorisation en raison de sa démocratisation ne fait que reculer le débat nécessaire que la société devra faire face notamment en raison du coût budgétaire que cela fait peser sur la société.

La question de l’alcool reste un tabou qu’il devient nécessaire de briser afin de sauver des vies. Le fait de boire un produit qui n’est pas naturel et que le corps ne réclame pas par nécessité, mais qui intoxique plus qu’autre chose devrait rehausser le niveau dans lequel nous sommes. Sans forcément tomber dans le phénomène de la prohibition qui n’aurait guère de sens et l’exemple américain nous démontre qu’elle est inefficace. L’alcoolisme reste une maladie et les personnes qui en souffrent n’ont d’autres choix que l’abstinence. Après, c’est à eux choisir la méthode dont il conviendra pour stopper la maladie. L’alcoolisme brise aussi les familles et les proches.

Photo by Greta Pichetti on Unsplash
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La question de la toxicomanie devient nécessaire et aboutit que dans un premier temps, elle est certes “récréative”, mais dans un second temps elle devient une prison pour les personnes qui tombent dans ce piège. Derrière les effets artificiels et illusoires que peuvent créer les produits, se cache une cage qui se ferme avec violence sans possibilité de faire demi-tour. Les chaînes brisent l’individu d’un point de vue physique, psychique et mental. Rien ne semble être en mesure de sauter du train pour éviter le crash complet de l’individu, mais aussi de son entourage. La récréation a sonné depuis longtemps. La dictature du produit devient une nouvelle norme. En courant comme Forrest Gump à la recherche du produit, nous nous éloignons de nos amis, de nos proches et de notre famille. Nous vivons en autarcie, car le produit nous a exclus de la société. Pourtant, il existe une porte de sortie pour ne pas subir cette guerre intérieure qui pousse l’individu dans les bras de la faucheuse. L’une des premières portes consiste à ne jamais toucher à ces poisons, l’autre réside dans le fait d’aller vers des groupes de parole pour briser l’isolement et de s’identifier par rapport aux autres.

Dans le même temps, il semble important que du fait que j’ai considéré l’alcool comme une drogue, il me semble nécessaire de mettre en place une politique restrictive vis-à-vis de ceux qui vendent ce lent poison, dont l’alcoolisme n’est que la finalité. Elle entraîne dans sa finalité le décès de la personne par des pathologies en comorbidité. De plus, le “DSM” considère “l’alcoolisme” ou la “toxicomanie” comme une pathologie “évolutive, progressive et mortelle”. Dès lors, il ne s’agit plus de jouer avec le feu, mais de s’en prémunir.

Photo by Clément Bergey on Unsplash
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Au même moment, nous traversons une crise sanitaire majeure avec des impacts plus ou moins lourd. La crise économique risque de générer une réelle déflagration sur le quotidien de chacun. Nous aimerions vivre comme c’était le cas avant, mais rien ne semble interpeller que c’est à cause du modèle de consommation de “chaire animale” que la crise a débuté. La relation apparaît comme évidente dans le lien de cause à effet. L’ingestion du Pangolin est certes à l’origine du désastre dans lequel nous sommes, mais cela devrait rappeler que les grandes pandémies ont pour origine les élevages et les animaux. De ce fait, il semble tout à fait nécessaire de mettre les “carnistes” face à leurs contradictions, mais aussi de les rendre responsables d’une certaine manière du désastre actuel. Nous verrions très rapidement le conservatisme se mettre en marche pour défendre par tous les moyens l’ingestion des organes des animaux. De ce fait, il ne s’agit pas d’une question de puritanisme de ne pas manger d’animaux, mais d’une question sanitaire et hygiénique. Le progrès d’une société réside dans le fait de s’attaquer frontalement à des problèmes de mœurs en convainquant chaque personne de l’utilité de sortir progressivement du modèle alimentaire dominant : le carnisme (et plus globalement du spécisme).

À partir du moment où nous nous positionnons dans une certaine minorité, les remarques désobligeantes et les moqueries ringardes apparaissent dans une certaine optique de nous rendre comme des réfractaires à la marche qu’emprunte la société pour tendre vers le progrès. Il n’y aurait qu’une “vie pieuse” dans le chemin que nous avons choisi. Cette caricature se réalise dans une vision de défendre un “mode de vie” que les tenants semblent voir menacé alors les critiques les plus farfelues deviennent presque nécessaires.

La vie après l’alcool, la drogue et la viande ne se résume pas à un caractère rigoureux et froid, mais à la prise en compte d’un certain nombre de caractères qui se résume à une joie de fond que nul ne peut comprendre. De ce fait, les Jean-Pierre Digard, Paul Arriès et consors ne peuvent comprendre ce que signifie une vision austère. Au contraire, la vision défendue par les possédants s’inscrit dans une Vision du Monde très “sévère pour soi et pour les autres” dans l’optique de laisser la drogue prendre son dessus sur l’ensemble de la société c’est-à-dire de se tuer à petit feu, mais aussi très sévère envers les autres puisque la consommation carnée nécessite de “tuer” par égorgement l’animal, même dans l’esprit welfariste le plus abouti.

Aujourd’hui, nous vivons pleinement dans la société et nous avons notre place, mais il faudra assumer que nos bonheurs, nos joies et notre bien-être passent aussi par celui des autres. Nous ne sommes pas dans l’individualisme méthodologique, mais dans une vision holistique de la société, cela dérange profondément les partisans défenseurs des lobbies de l’alcool, de marché noir de la drogue ou encore l’agro-industrie. Notre vie a clairement été améliorée par rapport à ce que nous étions avants. L’approche épicurienne permet de saisir les joies instantanées. Dès lors, le procès que les partisans de l’ordre dominant nous astreigne devient abstrait et totalement caduque.

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Pierre Le Bec
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Blogueur & Journaliste indépendant | Militant Communiste